Invito all amore (From "Il grande silenzio") par Ennio Morricone
Un an avant de faire tourner Johnny Hallyday dans "Le spécialiste", le réalisateur Sergio Corbucci engagea Jean-Louis Trintignant pour jouer le rôle de Silence dans le film "Il grande silenzio", en 1968. Et oui, l'acteur Français qui jouait avant ça dans "Les biches" de Claude chabrol et qui interprétera le juge d'instruction dans l'excellent film de Costa Gavras "Z" l'année suivante , joue donc dans ce western à la sauce spaghetti. Si de prime abord nous pouvons douter du bien fondé de cette réunion des genres et bien force est de constaté, à la vision du long-métrage que l'acteur est tout à fait crédible. il est vrai que, comme le nom de son personnage, il ne dit pas un mot, et pour cause celui-ci est muet. Mais qui est Silence, c'est le meilleur tireur du coin et même le shérif, qui, pourtant, sait tirer, ne cherche pas à l'affronter. Les chasseurs de primes font la chasse aux gens dont la tête est mise à prix (Les hors-la-loi, quoi) pendant que Silence règle leur comptes aux chasseurs de primes, normal c'est à l'un d'eux qu'il doit d'être muet (il a une grande cicatrice au cou) et de plus ils ont tués ses parents sous ses yeux. Le film est donc un film sur la vengeance et dans ce contexte, l'acteur est très impressionant. Il faut dire que face à lui, il y a Klaus Kinski et Frank Wolf qui jouera, ensuite dans le légendaire film "Il était une fois dans l'Ouest". Dans ce Western, il y a beaucoup de violence, de sang, de poursuites le tout dans un décor enneigé qui participe largement à cette atmosphère si particulière lié aux - bons - Western Spaghettis. Sergio Corbucci fait partie de ces réalisateurs qui ont su, non pas imiter, mais plutôt emboiter le pas au créateur du genre, à savoir Sergio Leone. Et comme avec Sergio Leone, Ennio Morricone a collaboré aussi longuement avec le réalisateur dont "Navajo Joe" en 1966 ou "Il mercenario" la même année. Pour ce film où le nombre de morts est tout de même impressionnant et où le réalisateur ne recule devant rien (tentative de viol, massacre organisé) le maestro a composé une musique à la fois nostalgique (Il grande Silenzio) et aussi une musique de suspens avec des flûtes limite stridentes et un orchestre minimaliste (Immobile) des tracks de poursuite très réussis (eBarbara e tagliente) ainsi que des thèmes d'ambiance de saloon. De cette B.O., deux titres ressortent principalement. Il s'agit tout d'abord du morceau "Invito all'amore" qui est comme une bouffée d'air frais dans ce Western pas très optimiste. Cette scène qui se déroule d'une façon si belle, si tendre conjuguée à la puissance de la musique du maestro créé un moment tout simplement magnifique au milieu de toute cette cruauté. Le couple Trintignant / Vonetta McGee fonctionne et on ne peut qu'accepter l'invitation. "L'ultimo gesto" est l'exemple même de ces évolutions du compositeur que l'on aime tant et celle-ci possède aussi une force au regard de la scène mais à l'écoute seule où l'on peut redécouvrir toute l'intensité de la scène que l'on se doit d'appeler d'anthologie tant elle prend aux tripes et que l'on retrouve le mariage musique / image cher à ce genre avec les gros plans sur les yeux, par exemple. vous l'aurez compris, ce film n'est pas une simple réplique du style spaghetti mais bien une oeuvre de très grande qualité et pour celà, Ennio Morricone a composé une musique digne de figurer aux côtés des meilleurs scores qu'il ait pu faire.
Film : Le grand silence
Année : 1968
Compositeur : Ennio Morricone
Track List :
1. Il grande Silenzio (restless) (02:27)
2. Passaggi nel tempo (02:24)
3. E l'amore verrà (01:58)
4. Barbara e tagliente (02:01)
5. Prima che volino i corvi (02:30)
6. Immobile (03:27)
7. Viaggio (01:53)
8. Voci nel deserto (02:39)
9. Gli assassini e la madre (03:19)
10. Invito all'amore (03:59)
11. Nel vecchio saloon (silent love) (01:10)
12. L'ultimo gesto (04:25)
13. Dopo il martirio (01:40)