Retour à Forbach
Synopsis : Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a 30 ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu.Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés ? Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir à l’heure où la peur semble plus forte que jamais.
Ce documentaire de Régis Sauder est son troisième long-métrage après "Nous, princesses de Clèves" en 2010 et "Etre là" en 2012. Ce film parle du retour à sa ville natale, Forbach, une ancienne ville minière qui a été annexée par le troisième Reich Allemand pendant cinq longues années, dont beaucoup parlent encore aujourd'hui. A travers ce reportage, on apprend d'ailleurs que la cicatrice ne s'est jamais vraiment refermée. Il reste encore beaucoup d'amertume, par rapport à cette période noire, qui a causé tant de dégâts. C'est de la colère qui a été le moteur de ce documentaire, de la colère qui semble s'estomper au fur et à mesure du film comme si celui-ci était une sorte d'analyse qui permettait d'y voir plus clair, de se délivrer - enfin - de toutes ces brimades, violences que le réalisateur a subi étant jeune. Ce n'est pas un simple voyage vers le passé que l'on voit, c'est une démarche nécessaire pour enfin (Se) pardonner. Agrémenté de nombreux témoignages de ses ancien(ne) s ami(e)s, ce film nous montre une ville qui se vide depuis 1997, année où la mine a fermé, laissant les habitants dans un grand désarroi. Les magasins ferment de plus en plus et même si quelques autres rouvrent aujourd'hui, c'est un peu le portrait d'une ville morte qui nous est dépeint. Pourtant des gens gardent espoir, dont le réalisateur, qui est aussi le narrateur. L'autre raison de ce film est la montée fulgurante du FN dans cette ville. Après avoir écrit une tribune dans le journal Libération, qui fut mal accueillie à cause de sa violence et de sa colère, il tourna ce film pour témoigner et faire témoigner les personnes encore présentes. Les témoignages sont très éloquent, très durs, par rapport à la mentalité de ceux qui restent, par rapport à cette situation qui se dégrade et cette méfiance mutuelle qui s'est installée. Mais ils semblent essentiels pour comprendre la démarche de Régis Sauder qui est là pour réhabiliter dans son coeur et peut-être aux yeux des spectateurs, cette ville pour laquelle, malgré le fait que beaucoup de monde l'ait abandonnée, demeure un espoir de redevenir celle qu'elle était, une ville où il faisait bon vivre... ensemble. Pour illustrer musicalement ce documentaire édifiant et passionnant, le réalisateur a choisi le groupe lorrain de Trash Metal Deficiency dont voici l'une des chansons.