Interview : Laetitia Carton
J'ai eu le privilège de rencontrer Laetitia Carton, réalisatrice du documentaire "Le grand bal", sorti ce jour et dont je vous parlerai très prochainement
Le grand Bal - Laetitia Carton
C'est l'histoire d'un bal. D'un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l'Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore ...
La musique de film : Comment vous est venu l'idée du sujet ?
Laetitia Carton : C'est parce que je suis danseuse, je ne me suis pas dit "Tiens sur quoi je pourrais faire un film ?" C'est parce que je suis danseuse et que je traîne dans ces endroits depuis des années que j'ai eu envie d'en faire un film.
LMDF : Est-ce que les organisateurs ont accepté tout de suite ?
L.C : En fait, on eu l'idée ensemble avec les organisateurs. Donc il n'y pas eu vraiment de négociations ou de chose à accepter ou pas. C'est ensemble, sur un bord de parquet, avec Bernard, le créateur du grand bal que nous avons eu cette idée là, en même temps, que nous nous sommes dit qu'il y avait quelque chose à faire. Que c'était trop beau ce qui se passait sous nos yeux.
LMDF : L'équipe technique s'est relayée jour et nuit pour le tournage. L'organisation s'est décidée sur le moment ou l'aviez-vous prévu déjà ainsi ?
L.C : Bien avant, on avait qu'une semaine, il fallait vraiment qu'on s'organise avant parce qu'on avait pas le droit à l'erreur. Nous avons pensé assez vite à une organisation comme ça, une équipe de jour , une équipe de nuit pour pouvoir couvrir tout le festival. Il se passe autant de choses, voire plus la nuit que le jour.
LMDF :Qu'est-ce qui a été le plus dur, techniquement, à réaliser ?
L.C : Pas techniquement mais dans l'endurance d'un montage qui dure plus d'un an. C'est un film qui a été assez difficile à monter parce qu'il y a énormément de musiques partout, donc il fallait recréer toutes les séquences. On est devenu des experts sons et musiques aussi parce qu'il fallait remonter sans arrêt la musique aussi. C'était ça qui était le plus difficile et de tenir sur la longueur, de faire le deuil de plein de choses. C'est ça pour moi qui a été le plus difficile.
LMDF : Comment ça s'est décidé, justement, ces choix ?
L.C : A un moment, j'ai vraiment dû choisir pour qui je faisais le film. Au départ je voulais le faire à la fois pour les très bons danseurs, à la fois pour les gens qui connaissaient pas ce lieu. Et un moment, j'ai dû vraiment choisir de faire le film, comme je dis souvent, non pas pour les gens du cercle du milieu - Parce que souvent les bals ils se définissent comme ça : Il y a les très bons danseurs au milieu et plus on s'écarte, plus c'est les débutants - et là, non j'ai vraiment fait ce film pour la personne assise sur le banc qui n'ose pas rentrer dans le cercle.
LMDF : Justement en parlant de banc, il y a le canapé où on voit les gens qui se confie un peu, c'était une idée de départ ou ça s'est fait comme ça ?
L.C : Ca c'est lorsque je suis arrivée et que j'ai vu ce canapé, c'était nouveau. Ils avaient mis ce canapé qui attendait de partir pour la ressourcerie, apparemment et je me suis dit que ça pouvait être bien. J'avais dit à tous les chef opérateurs, "Dès qu'on a une pause, on vient régulièrement au canapé, on voit ce qui s'y passe et on filme".
LMDF : Comment s'est passée la communication avec les participants ?
L.C : On a beaucoup communiqué. Tous les inscrits au festival avaient reçu une lettre qui expliquait le film avec un petit texte assez poétique qui était très proche des voix off, déjà, pour qu'ils comprennent que ce n'était pas juste un reportage très rapide pour une émission de télé, que nous n'allions pas venir comme ça, juste pour un sujet mais qu'on prendrait le temps de faire un bon film de cinéma. Et pendant le grand bal, il y a deux temps de grandes assemblées, les gens pouvaient venir poser des questions et on a expliqué qu'on avait mis au point un petit code. Les gens qui ne voulait pas être filmés mettaient leurs mains croisées. Au final, il y a eu très peu de gens qui ont refusés d'être filmés, une dizaine sur deux mille personnes.
LMDF : Pouvez-vous nous parler de la dernière chanson du film, interprétée, entre autres, par Camille et initiée par Camille ?
L.C : Camille, c'est une amie qui est aussi danseuse au grand bal, qui danse souvent avec moi. Elle a été coupée aux rush, elle a fait aussi un petit bal mais ça n'a pas résisté au montage non plus. J'étais un peu déçue qu'elle ne soit plus dans le film donc je lui ai demandé de faire le générique. Elle a donc créé cette chansons et elle a eu l'idée géniale dès le départ de faire chanter cette chanson par toute l'équipe du film. Donc la distribution, la production, l'équipe technique, la post prod, tout le monde est là, même nous, même la personne qui a fait le générique.
LMDF : Au niveau de vos films, j'ai remarqué, avec les films "Edmond, un portrait de Baudoin" et "J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd", qu'il y a beaucoup de partages, d'échanges. C'est important dans vos films ?
L.C : Oui, je trouve que j'ai une responsabilité en tant que réalisatrice de donner plutôt de la puissance et du pouvoir aux spectateurs plutôt que sortir d'une salle avec un sentiment d'impuissance. Plutôt que de faire des choses contre, faire des choses pour. Être dans une énergie plutôt positive que négative.
LMDF : Le projet a été financé par le crowdfunding, pourquoi ce choix ?
L.C : Pas que par le crowdfunding. C'est juste une toute partie du financement. Parce que l'on avait très peu d'argent, tout simplement.
LMDF : Quels sont vos projets à venir ?
L.C : Je réfléchis encore, j'ai plein d'idées mais j'ai pas encore décidé où j'allais vraiment me diriger pour le prochain mais, comme à mon habitude, je vais en faire plusieurs en même temps.