"Trois souvenirs de ma jeunesse" de Grégoire Hetzel

Publié le par Patrick

Synopsis : Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie. Doucement, « un cœur fanatique ».

Grégoire Hetzel (Qui a été nominé aux César 2016 pour cette musique)  a travaillé avec de nombreux réalisateurs et réalisatrices mais il y en a quelques uns qui reviennent beaucoup plus souvent dans sa filmographie, dont le réalisateur de ce film, Arnaud Desplechin, avec qui il avait déjà collaboré sur "Rois et Reine" en 2004, et "Un conte de Noël" en 2008. Il y a aussi Mathieu Amalric (qui joue d'ailleurs dans le film "Trois souvenirs de ma jeunesse"), ensemble ils ont fait "Le Stade De Wimbledon" et "La chambre bleue". On peut citer aussi ses collaborations avec Emmauel Bourdieu ("Candidature", "Vert paradis", "Les âmes maléfiques")  et enfin Cédric Anger "La Prochaine Fois Je Viserai Le Coeur", "L'Avocat".

Outre sa contribution au cinéma, le compositeur a aussi écrit un livre "Vert paradis" (Livre qui sera d'ailleurs adapté au cinéma par Emmauel Bourdieu). Il a réalisé et arrangé l'album de Marie Modiano, "I'm not a rose" écrit avec Camille De Toledo qui retrouva le compositeur après l'opéra "La chute de Fukuyama".

Lorsque l'on "suit" la carrière d'un compositeur, l'impatience et l'empressement sont les deux maîtres mots après être rentré chez soi, pour déballer le disque, l'installer sur sa platine  puis commencer l'écoute. Lors de cette première écoute, nous (re) découvrons le style, les mouvements, les sons, et puis il y a ce morceau qui ressort soudain parce qu'à la faveur, d'une flûte, d'un piano, ou d'un violon, une émotion vient éveiller vos sens les plus doux, les plus sensibles. Ce morceau c'est  "Un endroit où dormir". Ce titre m'a ramené à une époque où un certain Georges Delerue nous honorait de sa musique. Grégoire Hetzel a utilisé cette même façon de faire passer l'émotion et il y réussit très bien, c'est un bijou de sensibilité. C'est le genre de moment que l'on a envie de se repasser encore et encore. Mais revenons au début de cette histoire musicale là où le suspens est roi. Là où d'une manière philarmonique, la musique installe un climat angoissant. Le talent du compositeur permet dès le début une fine écoute où la tension, la gravité sont savamment dosées, chose qui n'est pas toujours aisée lorsqu'il faut aborder ces moments. Que ce soit "Arrestation de Paul Dedalus" ou bien "Le musée de Pouchknine", ce sont des grands morceaux d'angoisse grâce à une excellente orchestration.

C'est donc cette bonne ambiance qui débute le score jusqu'à "Je me souviens" qui est un peu le lien entre cette partie et l'autre, plus ancrée dans les sentiments tout en gardant cette gravité sous-jacente comme "Paul et Esther". Puis viennent deux titres importants dont celui que j'ai évoqué au début - un endroit où dormir - ainsi que cet autre moment magique que sont "Les départs - La vie à deux". Je vous ai déjà dit que je trouvais que le style d'un compositeur se constituait, à mon sens, avec les mouvements et les façons d'utiliser les instruments. Dans ce cas, c'est à Bernard Herrmann que j'ai pensé dans une partie de l'utilisation des cordes (Vertigo). Comme le précédent, ce morceau est magnifique, bouleversant.  N'ayant pas - encore -  tout écouté de Grégoire Hetzel, je ne peux dire sans me tromper que c'est là sa meilleure B.O. mais en tout cas, c'est sûr que cela signifie pour moi un grand tournant dans la découverte de son oeuvre. Avec ce titre, il rend presque intemporelle sa musique, évoquant les variations sentimentales d'aujourd'hui mais aussi d'il y a très longtemps à la grande époque des compositeurs hollywoodiens qui officiaient pour de grands films romanesques. 

Avec  "Correspondance (Quatuor Hébraïque)" c'est un quatuor à cordes qui exécute une musique classique et émouvante, parfois déchirante comme le traduisent encore les cordes.  Puis vient déjà la fin avec cet "Epilogue" qui clôt donc ce très beau score qui, vous l'avez compris, oscille entre suspens et émotion.

Titres

1. Enfance
2. Arrestation de Paul Dedalus
3. Musée Pouchkine
4. Traversée de Minsk
5. Je me souviens
6. Paul et Esther
7. Un endroit où dormir
8. Les départs – La vie à deux
9. Esther quitte le lycée
10. Correspondances (quatuor hébraïque)
11. Epilogue

Grâce à Cristal Records, en plus de cette musique, vous aurez en Bonus la musique du téléfilm "La forêt" réalisé en 2014 pour la chaine Arte. Une musique évidemment, dirais-je, dominée par les cordes. Un joli cadeau de la part du label avec, par exemple,  ce morceau conséquent, "Veuve joyeuse" (6 mn 22) qui progresse avec une belle virtuosité.

Détail : 

01. La forêt 
02. Lettre d’un vagabond 
03. Veuve joyeuse 
04. Ophélie 
05. L’argent ! 
06. Rupture 
07. Escroquerie 
08. La forêt, postlude

"Trois souvenirs de ma jeunesse" de Grégoire Hetzel

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